Faux départ

Publié le par badiaano

     Sur mon lit de mort, un soir d’hivernage sous une pluie battante, j’entendis chantonner la sirène de la vie. Des voluptés féeriques à destination d’une âme aux bords du gouffre tel le souffle d’une divine miséricorde pour un damné qui pourtant avait déjà abdiqué. Le médecin juste avant la mort ! Heureusement !

     Les couplets de la sirène me rappelèrent mes succès et hauts faits alors que ses refrains ressuscitèrent toute ma bassesse. Et dans cette arène en laquelle se transforma mon esprit, ce fût donc un combat sans merci entre la nostalgie et le remords. Tous les coups étaient permis, la mort de l’adversaire étant le but non caché de chacune des rageuses attaques que seule la détermination du camp adverse pouvait contenir. Par chance, les forces étaient égales et cette neutralité bienheureuse me permit de savourer davantage cet affreux duel avec des pics d’excitation qui finirent par me surprendre.

     Le flash périodique des éclairs comme l’effet d’une torche défectueuse scintillant par intermittence me permit de voir, à travers la fenêtre et depuis ce grabat dans lequel m’avait cloué la maladie, le regard interrogateur de ce hibou qui sans doute entendait m’arracher une ultime confession. Quoiqu’affaibli par ces semaines de souffrance, je ne me laissai pas pour autant intimider par ce commis de la mort et résolus d’entamer un duel de regard avec le sinistre nyctalope.

     Je refusais de baisser les armes. Il y'avait jusqu'ici trop de territoires laissés à l'ennemi du fait de multiples replis stratégiques dont la pertinence est finalement devenue source de suspicion. Je refusais de mourir, car mourir à ce moment là aurait été un suicide !

                                                                    Badiaano

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