Ma folie

Publié le par badiaano

 

     Je voudrais, en guise de prolégomènes, révéler un petit secret : j’ai toujours éprouvé une peur viscérale vis-à-vis des fous bien que n’ayant jamais payé les frais de leur sublime lucidité. En effet, je n’ai jamais pu m’empêcher d’avoir quelques frissons au moment de les croiser de près, toutes les fois bien évidemment que je n’ai pu volontairement manquer cette prise de contact avec la mort en changeant tout bonnement de trottoir par exemple.

     En fait, j’ai toujours cru, tout petit, et j’y crois encore du reste, que le danger pour moi avec le fou, c’est qu’il peut me tuer, là dans la rue, froidement, sans même que je ne voie venir le coup fatal, sans que lui, en ait voulu à ma pauvre personne, ni à ma supposée lucidité, ni même par convoitise de ce bout de pain que je grignote. Me tuer, tout simplement, sans préméditation aucune… comme si ce n’était d’ailleurs qu’un pur réflexe. Me tuer, comme diraient certains, juste parce qu’il est fou.

Voilà pourquoi donc je vis avec une peur bleue de ce type de folie comme de toutes les autres folies d’ailleurs. Et je me surprends là en train de soutenir qu’il existerait plusieurs folies. Ne serait-ce pas parce que je me trouve dans l’impossibilité de donner une définition de la folie ? Je ne puis l’accepter ! En tout cas pas aussi facilement. Perdre sans même avoir combattu, me déclarer forfait et brandir une exemption au demeurant falsifié ! Non désolé, je ne mange pas de ce pain !

Une personne ayant perdu la raison ! Ainsi définit-on un fou. Et vous autres –car moi je m’estime fou- l’avez-vous toujours votre raison? Dans l’affirmative, en faites-vous bon usage continuellement? Autrement vous m’accorderez de vous déclarer fou, ne serait-ce que par intermittence. Encore que je ne partage pas totalement cette définition de la folie ou à tout le moins je n’adhère pas à cette catégorisation presque exclusive qui voudrait qu’il n’y ait de fous que dans les hôpitaux psychiatriques, à certains coins de nos rues ou même, dans nos maisons, enfermés dans les chambres isolées, mal éclairées et à l’abri du regard du visiteur.

Veuillons nous attarder un peu sur la raison censée vous caractériser vous autres gens normaux. Et qu’il me soit permis de souligner d’emblée qu’aucune des fameuses guerres mondiales, à ma connaissance, n’a été causée par un fou. Tout au moins pas dans le sens restrictif que nous donnons, au propre, au terme fou. Et toutes ces conneries à la tête de nos appareils d’Etats en Afrique ; aurait-on porté au pouvoir des ex-pensionnaires d’un asile interétatique ?

Alors que l’on ne nous parle pas de raison ! Adoptons la prudence et émettons beaucoup plus de réserves. Retenons que chacun a sa propre dose de folie.

Ma folie à moi est douceur ! Quand de l’extérieur j’explose, c’est qu’il règne souvent, en mon for intérieur, un zen à envier. Et lorsque de l’intérieur j’implose, mon sourire vicieux du bout des lèvres est ce poison anesthésiant pour l’ennemi.

 

                                                                          Badiaano

 

 

 

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